mardi 15 juin 2010

Le trail des Faverges : une sacrée échappée à travers les Bauges ! Par Patricia

Vendredi 11 juin 2010


Cet après-midi, tout de suite après le travail, je prends la route de Chamonix avec ma p’tite voiture-edelweiss bien chargée, avec ce qu’il faut pour affronter le trail des Faverges par tout temps ! En passant par les villages, des noms évocateurs de la future CCC, tels que Courmayeur, les Houches, me font rêver un instant au défi de cet été. A partir de Sallanches, la route monte pour rejoindre Praz-sur-Arly. Le panorama se dévoile et j’aperçois pour la première fois le Massif des Bauges ! Immédiatement, j’imagine parcourir ses sentiers. Afin d’être tranquille, je passe directement chercher le dossard. L’ambiance est déjà bien animée pour l’évènement du lendemain.


Samedi 12 juin


A 5h30, je me réveille, déjà bien nerveuse et assez impatiente. Un coup d’œil à la fenêtre indique un ciel nuageux mais le temps reste sec. En mettant le nez dehors, bien qu’il ne soit que 7h00, il fait déjà chaud.


À 7h15, je suis sur la ligne de départ ou la tension est presque palpable. Après quelques échauffements et encouragements, après les dernières recommandations du chef technique, le départ est lancé. Dans le peloton de tête, le rythme se fait rapide. D’abord au pas de course à travers le bitume des Faverges, je rejoins un terrain boisé bien plus sympa pour les genoux ! Un petit sentier aux abords des pâturages nous fait descendre jusqu’au village de Glaise. Retrouvaille non-souhaitée avec le goudron ou j’alterne course et marche.





Après 55mn et une trempée à la fontaine de Strappazon, premier pointage aux Chaffauds. La pente s’accentue et commence alors une longue montée ; 930m de bonheur… menant au sommet du télésiège « La Sambuy » à 1841 m. Durant cette crapahutée, la foulée reste bien soutenue. La forêt devient de plus en plus clairsemée et une petite brume laisse le sol humide. Je distingue à peine les autres trailers, à l’allure de fantômes. En-haut, les encouragements de courageux spectateurs se font entendre et réchauffent les cœurs. Alors qu’après la pluie vient le beau temps, une descente de 706 m. succède à la montée. La route qu’empruntent habituellement les skieurs français est bien large. Je cours à gauche ou le terrain est nettement plus doux et amortissant. Tout à coup, après quelques mètres, un méchant point de côté me fusille et m’oblige à stopper. J’ai de la peine à respirer. Pendant cinq bonnes minutes, je marche en respirant à fond, bien régulièrement. Je repars en course très tranquillement et accélère à mesure que la douleur s’atténue et qu’elle disparaisse enfin. Après 2h38, j’atteins le seul et unique ravitaillement au bas de la station.




Pas question de m’éterniser. Le temps de remplir le camelbag, d’avaler une « morc. » et d’apprécier la fraîcheur d’un coca (no light), je repars énergiquement vers l’Epaule de Chauriondre, point culminant de l’épreuve à 1870 m. David, un coureur avec qui j’avais fait une bonne partie de la montée, m’a attendu à ce ravitaillement. D’un bon rythme et en échangeant nos impressions, nous nous mêlons aux participants du petit trail 28 et les dépassons un à un. Le chemin, d’abord bien roulant, se ressert et nous re-plongeons brièvement dans la forêt. Peu avant l’aulp de Seythenex, à flanc de coteaux, des gentianes nous accueillent, offrant un peu de couleur à ce parcours. Une petite accélérée à cet endroit s’avère nécessaire pour fuir l’odeur de la faune porcine. Au loin, malgré la brume, se détache le Lac d’Annecy. Au Col d’Orgeval (1763 m.), les sensations sont au top et quel plaisir d’apercevoir quelques petits névés. En amorçant la descente, je me sens pousser des ailes et m’élance vivement sur ce petit sentier caillouteux, technique comme je les aime. « Pardon, hep-là, gauche, droite, scusez-moi, merci, hop… » Les interpellations pour dépasser n’en finissent plus! Durant cette dérup’, le terrain, parsemé de muguets et de lys, s’adoucit. J’en profite pour bien dérouler les jambes et accélère un peu plus, saluant aux passages quelques chèvres sur le bord du chemin. Néanmoins, dans la tête, le message « attention, garde du jus pour la dernière montée » résonne fortement… J’arrive finalement la Maison Forestière en 4h08. Le voile de brume a disparu, laissant la place à une belle éclaircie.


Une légère pente conduit à l’embranchement, ou avec une pointe d’envie, je vois les coureurs du petit trail 28 partir à droite, en bas… tandis que des organisateurs, sans scrupule, m’oriente vers un joli tracé forestier, bien raide. Pour la première fois de la journée, j’ai une regrettable pensée pour mes bâtons restés à Orsières et peste contre les « singouins » qui ont fait le parcours… Le pas devient plus lent et je mise tout sur la régularité. A la Sarve (1470m) je pointe, à ma grande surprise en 3e position. Seulement, Rachel Bontaz, une coureuse aux jambes interminables, me suit de très près et me dépasse juste avant le sommet. Mon sang ne fait qu’un tour et je repars à vive allure pour la dépasser à nouveau. Je me précipite dans la descente, à 8,5 km de l’arrivée, afin de prendre quelques mètres d’avance et me donner une marge pour le sprint final. David me rejoint à nouveau et se révèle être un coach formidable. Nous nous élançons à travers Faverges. Dans le rouge depuis un bon moment, je lutte pour courir, mais la respiration est de plus en plus difficile et les centaines de mètres restants me semblent interminables. La tête me tourne et je m’appuie sur les barrières pour continuer. Rachel me double alors. Je n’arrive malheureusement plus à accélérer… Dans un bel élan de solidarité, au tour de David et moi de franchir la ligne d’arrivée, après 5h33 passée dans le Massif des Bauges. Très sportivement, Rachel me rejoins et me félicite chaleureusement ! Aucun regret ! Je termine épuisée, mais heureuse d’avoir été à fond !

Comme résultat ; 4e place dans la catégorie féminine, 2e en SE et 130e au scratch. Très émue, je monte pour la première fois sur l’estrade, avec tous les Lafoulytrailers dans le cœur. Quelle belle surprise pour les Français de voir débarquer une p’tite Suisse, sans aucun palmarès!! La convivialité, n’ayant pas de frontière, je retrouve par après mes concurrentes pour partager un verre « d’eau » de l’amitié !


Un grand merci aux Lafoulytrailers ainsi qu’à toutes les personnes qui m’ont parlé de ce trail, m’ont soutenue et encouragée ! J’en profite pour relever la qualité de l’organisation et la convivialité qui ont embellies cette course.