vendredi 9 juillet 2010

La Traversée la Fouly-Verbier 62km et 4000m D+/-par Corinne

La Traversée c’est la 2e édition du Trail verbier-St Bernard, édition renouvelée et un peu plus copieuse que l’an dernier

700 coureurs se retrouvent au départ et les La Fouly Trailers (François, Frédéric, Tony et Pierre-André) se sont réunis à l’ombre de la grande arche de départ. Moment émouvant. Patricia ne peut pas prendre le départ pour mieux soigner ses tendons et assurer sa saison d’été. Elle me transmet sa force et sa détermination. Candide aussi présent du côté des bénévoles nous rassure avant le départ. Michel nous encourage avec enthousiasme, il espère récupérer de ses blessures hivernales pour être au départ de la CCC. Un bel esprit anime le team des LFT. La météo s’annonce chaude voire très chaude et sûrement orageuse.


Pendant les discours du haut du balcon des Glaciers les nuages s’amoncellent sur les hauteurs. Le départ est donné.

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Les coureurs partent à l’assaut du fond du Val Ferret.


J’entre dans ma course plus paisible que l’an dernier. Je connais (un peu) ce qui m’attend en termes d’effort. Le genou qui m’a ennuyé au Pilatrail n’est pas top et donc je pars sans montre en me disant on verra bien! Avec le souhait de respecter la devise de Frédéric : finir, en bon état, dans les barrières horaires.


Le long de la route et jusqu’au Lac de Fenêtre les nombreux supporter encouragent. Geneviève (une LFT) en embuscade dans un lacet qui mène au lac m’interpelle « Allez Corinne ! » avant même d’avoir lu mon prénom sur le dossard. Mon amie Renée court à mes côtés, elle prépare la CCC, fera la 1ere partie jusqu’à Bourg St Pierre avec moi.

Il commence à pleuvoir mais la température reste douce et je ne mettrai pas la veste (de toute la course d’ailleurs). Le lac de Fenêtre est orné d’un magnifique glaçon de neige qui fond et donne à ce lieu un air d’Islande. Un sentier de neige durcie nous entraîne jusqu’au col de Fenêtre. En dessous du col les nombreux coureurs ont tracé 2 rails géants dans la neige. Les rails sont si profonds que mes gambettes et celles de Renée restent presque crochées dedans. Incroyable. Pour descendre la route glisse et il n’est pas rare de faire des acrobaties périlleuses.
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Le ravitaillement du Grand St Bernard me revigore après ce début de course humide : au menu bouillon, banane et chocolat noir.

Col des Chevaux côté sud

Col des Chevaux côté nord

La montée sur le col des Chevaux est agréable une montée peu raide et courte. Le col des Chevaux c’est un beau plateau herbeux avec coup d’œil sur le Grand Combin et le Mont Vélan. Côté nord, la pente à dévaler est abrupte et enneigée, un gars de la Boucle passe et dit à tout va que « Non ça ne glisse pas ;-) » Quel bluffeur : il n’est pas si à l’aise que ça ! ça c’est aussi l’esprit trail : pas prendre les choses trop au sérieux. Voilà le moment convivial de du parcours, on ne se connaît pas mais on s’inquiète les uns des autres « tu me ramène mon bâton ». « Ca va ? », « Ca passe mieux sur les rochers ? »Après la glissade : mains, poignets, mollets sont bien endoloris. J’ai quand même eu du plaisir dans ce passage, même si je pense qu’il pouvait s’avérer périlleux pour beaucoup et notamment pour celles et ceux qui ont les km de la Boucle dans les jambes.


A l'accueil à BSP: Sara-Léanne-les cloches-quelle ambiance!

La suite de la descente sur BSP est bucolique : passage d’un torrent sans pont « Splatch ! », petits sentiers en lacets, forêt et pente douce. Je me tapote régulièrement le côté des hanches : indications de ma physio. L’arrivée à BSP c’est comme une 1ere ligne d’arrivée.L’accueil de quelques La Fouly Trailers (merci Michel-Isabelle-Sara-Marine-Anne) et de la famille (merci Jean-Claude-Lulu-Michel- Léanne et Kolia et Laurent) est enthousiaste ; certains m’embrassent : ils sont courageux vu la croûte de sel sur mon visage. Mes genoux ont tenu. Boostée pour continuer et le visage passé à l’eau fraîche, je repars. Mon accompagnatrice Renée me quitte, et Pierre-André prend le relais : il s’est blessé et décide de continuer tout de même, mais en m’accompagnant.

Famille-Amis c'est top/ changement de co-équipier-e

Nous restons ensemble jusqu’au 1er alpage puis il s’éloigne et je poursuis l’interminable chemin qui descend un peu puis remonte en longeant 3 cirques de montagne avant l’arrivée au Col de Mille. Là, je me restaure : 2 thés noirs sucrés et un voyage de biscuits salés. Pierre-André est déjà loin devant et je descend à mon rythme. Jusqu’au lac Servay tout va bien, j’admire le paysage, embelli par les contrastes de couleurs plus intenses en fin de journée. Dans la 2e partie de la descente sur Lourtier, la douleur sur le genou externe droit se réveille, je boitille et mon allure est très ralentie. Michel Fiora, et les enfants, mes parents viennent à ma rencontre. Au retour sur Lourtier, après 1500m de D- , j’ai la joie de courir avec Lulu, ma maman pour la 1ere fois de ma vie, belle allure, bravo Lulu !


A Lourtier la nuit est tombée, j’allume la frontale et après avoir mangé et pris du bouillon, je pars à l’assaut de la fin du parcours. Je sais que le plus dur est derrière et je m’accroche dans cette montée sur la Chaux, je me fais dépasser puis un groupe s’accroche derrière moi. Les frontales sont de plus en plus perfectionnées et j’ai l’impression de monter avec une voiture grand phare allumé dans mon dos, pas top mais bon. Je garde mon rythme je sais qu’il faut tenir jusqu’à l’alpage du Mintzet et que là j’y serai ou presque. C’est dur, je commence à avoir envie de vomir. Pierre-André m’attend régulièrement et me donne un morceau de barre de céréales et ça va mieux.

La Chaux et 2 cocas plus tard le bisse du Levron m’attend depuis l’an dernier : cette fois je peux encore courir et c’est « super agréable ;-) » !! Je m’imagine faire tout le bisse en courant quand le balisage descend tout à coup à gauche, c’est raide. Ça fait mal. Mince, à nouveau il faut m’accrocher, les racines sont des pièges qui me font faire des acrobaties. Le final est long, long, long. J’en ai marre. Autour de moi, tous s’arment de courage. On sert les dents.

Enfin les derniers mètres de dénivelés négatifs avant l’arrivée à Verbier, un sprint boiteux, l’arche, les becs avec Pierre-André, le speaker, les photos, le t shirt finisher, les retrouvailles avec Frédéric et Anne, les spaghettis.

Place à l’euphorie de l’avoir refait.