TAR 2010, dans la blancheur des Aiguilles Rouges ! Par Patricia
Dimanche 26 septembre 2010
Chamonix, 4h00 du matin. Temps froid avec une légère pluie fine qui humidifie les ruelles animées menant à la Place de l’Amitié. Etrange carrefour où se croisent les vacanciers sortant d’une nuit festive alors qu’une foule de coureurs, impatiente et vive, se dirige vers l’arche de départ. Deux univers bien différents…
4h15, les vestes sont encore sur le dos sur bon nombre d’entre-nous. Collant long pour la grande majorité, sauf pour les irréductibles, quelque « collants-pipette », gants en main et bonnet, l’ambiance s’échauffe. Alignée avec Candide et Jules-Henri devant la banderole de départ, je ressens derrière moi et en moi la pression imminente du départ. Mon regard se porte aussi loin que le permet la lumière des frontales tandis que j’imagine les 53 kilomètres et les 3940 m. de dénivelé sur des sentiers à découvrir pour cet évènement.
4h30, le compte à rebours débute. A nouveau ces longues secondes d’une rare intensité. D’un même élan, les coureurs s’élancent comme des projectiles à travers les rues éclairées de Chamonix. Un tronçon de route goudronnée et une belle portion de terrain forestier sur une dizaine de kilomètre nous mènent au premier ravitaillement de Samoteux. De la montée, des faux-plats et une légère descente sur un terrain bien glissant. Dès le départ, je me concentre à fond sur mes foulées. Les premières chutes se succèdent, incitant à redoubler de vigilance et à prendre de la distance avec les autres coureurs. Dans les sous-bois, la nuit est profonde et des nappes de brumes accentuent le peu de visibilité. Je suis peut-être partie trop vite… Néanmoins, il me tarde d’arriver à Samoteux et d’attaquer la première grosse montée ; celle qui mène à l’Aiguillette des Houches, à 2285m.
La montée commence. Après quelque mètre, j’arrive à trouver un bon rythme. En prenant de l’altitude, les arbres s’espacent, tandis qu’une fine pellicule de neige revêt peu à peu le paysage. La laine de mon pull se couvre également de givre, comme pour mieux être en accord avec l’ambiance du moment. Le matin tarde à se lever et brouillard prolonge cette transition entre nuit et jour. Encore à la lueur des frontales, les lacets se sont resserrés et le sentier, escarpé, longe la crête. J’aperçois pour la première fois les versants enneigés de l’Aiguillette des Houches, prises entre deux nappes de nuages. Vision féérique et hivernal qui m’emplisse d’une joie et d’une profonde sérénité que seule la blancheur de la neige peut apporter. Instants magiques qui donnent également un sens à cette belle course.
Après 2h45, j’atteins le sommet pour basculer immédiatement sur le versant N/E. Joyeuse dérupée ou, préférant les talus enneigés au sentier glissant, je me sens à l’aise et profite pour dépasser quelques trailers. Une courte remontée et la descente continue. Le terrain est très scabreux. J’opte pour un rythme moyennement rapide, mais surtout régulier. J’ai moins d’énergie et je pense que je « paie » mon rapide départ. Juste avant Plan-Lachat, une pierre me déséquilibre et je chute dans les rochers. Je me relève péniblement. La tête me tourne et j’ai mal à la jambe gauche. Je me pose 5 mn, avale quelque chose et je repars péniblement, d’abord au pas et ensuite en trottinant lentement. Au pointage de Plan-Lachat, j’hésite à arrêter, mais sans me poser plus de question, je passe rapidement ce point de contrôle et m’engage dans la seconde montée. Le chemin est large et pourtant, j’avance lentement. J’ai l’impression de ne plus avoir de « jus ». Les bras et les jambes sont lourds et je peste contre moi-même. Dans ma tête, avant de penser à Vallorcine, je me fixe « Argentière ». Au moins aller jusque-là !
Planpraz (2060m.). Petit ravito avec d’exceptionnels bénévoles ! J’en profite pour bien reprendre des forces et repars sous leurs encouragements qui me réchauffent le cœur ! Avant de descendre à la Flégère (pour la deuxième fois de la saison !), s’en suivra un sympa petit passage assez technique avec quelques marches pour bien sentir les quadriceps ! Les installations de La Flégère se révèlent tristement, cernés de nappes de brouillards. Après le pointage et deux gôlées de coca, je reprends l’ascension vers le Lac Blanc… qui porte bien son nom ! Les trainées de nuages et la neige se font de plus en plus lumineuses et me brûlent presque les yeux. Pourtant quel bonheur de sentir la chaleur du soleil à travers ces éléments ! A la croisée des chemins Lac-Blanc – Cheserys, les sensations sont à nouveau bonnes et j’attaque plus sereinement les 1000 et quelques mètres de descente vers Argentière.
Argentière (1255m.) et plus de 6h30 de terre, de racines et de neige sous les baskets ! Ah, j’aurais apprécié un petit coin chaud pour m’asseoir. Je regarde au loin l’Aiguillette des Posettes, bien enneigé. Il reste 13 km avant Vallorcine ! Maintenant, c’est décidé, j’y vais jusqu’à l’arrivée même si je crains à juste titre la dernière descente… Avant d’entamer la montée, quelques kilomètres mènent au village de Tour. S’en suivra une longue montée régulière, avec quatre coureurs à ma suite ! Pour la seconde fois de la journée, je repasse par toutes les saisons et les étages de végétations ! Au Col, un second coureur « prend le relais » et je calque mon rythme sur ses pas. Dernière descente, ultime pointage avant d’apercevoir les habitations de Vallorcine. Quelques foulées dans les « champs de vaches », dans un dernier élan, et un rapide regard vers Candide, Jules et Martine, j’accélère avant de franchir joyeusement la ligne d’arrivée !! 9h30 plus « TAR ».
Dimanche 26 septembre 2010
Chamonix, 4h00 du matin. Temps froid avec une légère pluie fine qui humidifie les ruelles animées menant à la Place de l’Amitié. Etrange carrefour où se croisent les vacanciers sortant d’une nuit festive alors qu’une foule de coureurs, impatiente et vive, se dirige vers l’arche de départ. Deux univers bien différents…
4h15, les vestes sont encore sur le dos sur bon nombre d’entre-nous. Collant long pour la grande majorité, sauf pour les irréductibles, quelque « collants-pipette », gants en main et bonnet, l’ambiance s’échauffe. Alignée avec Candide et Jules-Henri devant la banderole de départ, je ressens derrière moi et en moi la pression imminente du départ. Mon regard se porte aussi loin que le permet la lumière des frontales tandis que j’imagine les 53 kilomètres et les 3940 m. de dénivelé sur des sentiers à découvrir pour cet évènement.
4h30, le compte à rebours débute. A nouveau ces longues secondes d’une rare intensité. D’un même élan, les coureurs s’élancent comme des projectiles à travers les rues éclairées de Chamonix. Un tronçon de route goudronnée et une belle portion de terrain forestier sur une dizaine de kilomètre nous mènent au premier ravitaillement de Samoteux. De la montée, des faux-plats et une légère descente sur un terrain bien glissant. Dès le départ, je me concentre à fond sur mes foulées. Les premières chutes se succèdent, incitant à redoubler de vigilance et à prendre de la distance avec les autres coureurs. Dans les sous-bois, la nuit est profonde et des nappes de brumes accentuent le peu de visibilité. Je suis peut-être partie trop vite… Néanmoins, il me tarde d’arriver à Samoteux et d’attaquer la première grosse montée ; celle qui mène à l’Aiguillette des Houches, à 2285m.
La montée commence. Après quelque mètre, j’arrive à trouver un bon rythme. En prenant de l’altitude, les arbres s’espacent, tandis qu’une fine pellicule de neige revêt peu à peu le paysage. La laine de mon pull se couvre également de givre, comme pour mieux être en accord avec l’ambiance du moment. Le matin tarde à se lever et brouillard prolonge cette transition entre nuit et jour. Encore à la lueur des frontales, les lacets se sont resserrés et le sentier, escarpé, longe la crête. J’aperçois pour la première fois les versants enneigés de l’Aiguillette des Houches, prises entre deux nappes de nuages. Vision féérique et hivernal qui m’emplisse d’une joie et d’une profonde sérénité que seule la blancheur de la neige peut apporter. Instants magiques qui donnent également un sens à cette belle course.
Après 2h45, j’atteins le sommet pour basculer immédiatement sur le versant N/E. Joyeuse dérupée ou, préférant les talus enneigés au sentier glissant, je me sens à l’aise et profite pour dépasser quelques trailers. Une courte remontée et la descente continue. Le terrain est très scabreux. J’opte pour un rythme moyennement rapide, mais surtout régulier. J’ai moins d’énergie et je pense que je « paie » mon rapide départ. Juste avant Plan-Lachat, une pierre me déséquilibre et je chute dans les rochers. Je me relève péniblement. La tête me tourne et j’ai mal à la jambe gauche. Je me pose 5 mn, avale quelque chose et je repars péniblement, d’abord au pas et ensuite en trottinant lentement. Au pointage de Plan-Lachat, j’hésite à arrêter, mais sans me poser plus de question, je passe rapidement ce point de contrôle et m’engage dans la seconde montée. Le chemin est large et pourtant, j’avance lentement. J’ai l’impression de ne plus avoir de « jus ». Les bras et les jambes sont lourds et je peste contre moi-même. Dans ma tête, avant de penser à Vallorcine, je me fixe « Argentière ». Au moins aller jusque-là !
Planpraz (2060m.). Petit ravito avec d’exceptionnels bénévoles ! J’en profite pour bien reprendre des forces et repars sous leurs encouragements qui me réchauffent le cœur ! Avant de descendre à la Flégère (pour la deuxième fois de la saison !), s’en suivra un sympa petit passage assez technique avec quelques marches pour bien sentir les quadriceps ! Les installations de La Flégère se révèlent tristement, cernés de nappes de brouillards. Après le pointage et deux gôlées de coca, je reprends l’ascension vers le Lac Blanc… qui porte bien son nom ! Les trainées de nuages et la neige se font de plus en plus lumineuses et me brûlent presque les yeux. Pourtant quel bonheur de sentir la chaleur du soleil à travers ces éléments ! A la croisée des chemins Lac-Blanc – Cheserys, les sensations sont à nouveau bonnes et j’attaque plus sereinement les 1000 et quelques mètres de descente vers Argentière.
Argentière (1255m.) et plus de 6h30 de terre, de racines et de neige sous les baskets ! Ah, j’aurais apprécié un petit coin chaud pour m’asseoir. Je regarde au loin l’Aiguillette des Posettes, bien enneigé. Il reste 13 km avant Vallorcine ! Maintenant, c’est décidé, j’y vais jusqu’à l’arrivée même si je crains à juste titre la dernière descente… Avant d’entamer la montée, quelques kilomètres mènent au village de Tour. S’en suivra une longue montée régulière, avec quatre coureurs à ma suite ! Pour la seconde fois de la journée, je repasse par toutes les saisons et les étages de végétations ! Au Col, un second coureur « prend le relais » et je calque mon rythme sur ses pas. Dernière descente, ultime pointage avant d’apercevoir les habitations de Vallorcine. Quelques foulées dans les « champs de vaches », dans un dernier élan, et un rapide regard vers Candide, Jules et Martine, j’accélère avant de franchir joyeusement la ligne d’arrivée !! 9h30 plus « TAR ».